Drames de Bitches – Groupe Crisis – 18/06 – Bernardines (Marslab)
Une membrane se déchire et libère ses hôtes dans la solitude vertigineuse d’une église. Elles sont cinq, cinq corps offerts et néanmoins marqués du sceau de leurs fonctions essentielles. À la naissance succèdent déjà les tâches à accomplir. Des objets sont là , comme d’indéfectibles rappels à l’ordre : il faut se parer, se défendre, s’entretenir, se sustenter. Autant de prérogatives individuelles des plus impersonnelles car adressées on ne sait par qui, on ne sait en vue de quoi, apparemment dictées par la nécessité du jeu. Car c’est un jeu. Un jeu clownesque, décalé, mais si vrai. Et c’est le drame. Mindfuck existentiel pour les bitches. Alors il faut parler, mettre des mots, du sens sur cette mascarade. La parole survient comme un écho par-delà les Alpes. C’est la voix d’Elfriede Jelinek, émergeant par bribes des entrailles de nos dramédiennes empapaoutées. Le passage à la parole est une bascule périlleuse, l’appropriation maladroite d’une nouvelle force d’émotion. Cette parole les enveloppe, les habille presque, amorçant le passage à l’art, dernier stade (pour l’instant) d’une reconquête pour toutes les bitches de leurs espaces de solitude.
