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  • Photo du rédacteurcandicegroff

Songe et danse du guerrier

Dernière mise à jour : 26 juin 2018

Dimanche après-midi je suis allée à la plage. Le soleil, le sable, le bruit de l'eau. Les premiers jours d'été à Marseille. Et puis je me suis rendue à la Friche Belle de Mai pour voir Salt, un solo d'Eko Supriyanto, danseur et chorégraphe indonésien. Mais comme par un effet de montage, la danse m'a ramenée sur la plage...


Allongée à plat ventre sur ma serviette, face à la mer, je contemple la bande de sable le long de l'eau. Éblouie par le soleil, mes yeux se plissent de douleur. Pourquoi n'ai-je pas pensé à emmener mes lunettes de soleil ? Je me retourne sur ma serviette quand soudain des bruits stridents me glacent le sang. Je découvre au loin une forme, au-delà de la clarté, que mes yeux tentent de percevoir. Une figure mystique. À nouveau, les sons des ténèbres me saisissent. La puissance du soleil fait vaciller mon regard et mes sens. Apparition d'un corps dans la pénombre. Illusion, mirage, hallucination. Métamorphose. Je vois un corps humain, soudain difforme, affolant, comme s'il était de face alors qu'il est de dos. Je suis troublée, je ne sais plus ce que je perçois. Sorte de divinité mi humaine, mi animale. Shiva. La nudité, l'essence, la vérité. Nirvana.

Je perds soudain connaissance, me retrouve plongée dans une sorte de rêve. Un rituel. Un songe. Un cauchemar. La figure mystique vient hanter mon sommeil. Elle dessine au sol des formes avec le sable. Un chemin, une flèche, un oiseau. Avec les muscles saillants de son dos, ses bras, les mains précises, les jambes ancrées dans le sol, sa langue, ses yeux écarquillés, la divinité entre dans une transe qui me fait quitter le réel. Tout ce qui se passe devant mes yeux se joue en fait dans ma tête. Images mentales, comme une plongée dans un univers intérieur, par la musique. Pulsions, pulsations.



Mon rêve s'est arrêté. L'atmosphère a changé. La plage a disparu. Ou plutôt, c'est moi qui ai quitté la plage, pour la contempler à présent comme le décor d'une histoire. L'histoire d'un guerrier, de son apprentissage. C'est la genèse d'une mythologie, l'enfance d'un dieu. Siddhartha, comme dans le roman d'Hermann Hesse. Il y a du dépouillement, un rapport au jeu et à la force dans cette incarnation cette fois bien humaine d'un être, d'une puissance supérieure. Une recherche de la vérité. La trace, le chemin vers la révélation de soi dans un tout, dans le grand, par un parcours oscillant entre art martial et réminiscences de danse javanaise épurée.


"Tu es peut-être en effet un chercheur ; mais le but que tu as devant les yeux et que tu essayes d'atteindre t'empêche justement de voir ce qui est tout proche de toi." Siddhartha, Hermann Hesse (1922)





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