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Trop d'idées, mauvaise idée

Guerre et Térébenthine – Jan Lauwers & Needcompany – 28/06 – Gymnase


En adaptant au théâtre le succès romanesque de son ami Stefan Hertmans, Jan Lauwers connaît les risques : celui de livrer une redite ennuyeuse, une copie conforme, comme celui de se contenter d’une version tronquée, réduisant l’œuvre originale à un résumé scénique. Le metteur en scène fait donc le pari du principe narration-évocation. Il confie en effet la parole du narrateur à Viviane De Muynck et fait évoluer autour d’elle tout un ensemble mêlant danse, performance, musique et arts plastiques. A noter la présence constante du protagoniste, peintre en plein travail, dont les réalisations sont visibles par un jeu de caméras. Au début, le rendu est efficace : la présence vocale très singulière de l’actrice et les différents tableaux que montent ses jeunes camarades s’accordent bien, se répondent pour laisser entrevoir, au-delà de l’histoire personnelle, l’esquisse de cette fin de siècle qui précède la Grande Guerre. Et puis tout s’emballe. Les scènes de combat prennent le pas sur le récit. Le temps des affrontements s’étire inutilement, d’une durée qu’on éprouve pour les mauvaises raisons. Immobile au milieu des chorégraphies plus grotesques que choquantes, Viviane de Muynck attend patiemment son tour, comme Monsieur Loyal pendant le numéro des fauves. La dernière partie se caractérise également par des longueurs dues à la banalisation du récit : la figure de narrateur portée par Viviane de Muynck est intégrée à l’histoire en épouse par dépit du peintre, sœur de son amour perdu. L’écart d’âge entre les deux comédiens prête alors à rire et ceux-ci finissent par en jouer, étant donné qu’ils ne peuvent se raccrocher à l’histoire, entièrement réservée à la parole narratrice. L’histoire s’ancre également dans un décor plus réaliste, mais inutilement chargé, qui paralyse les comédiens. Cette sensation de trop-plein habite l’ensemble de la représentation. En rassemblant sur une même scène toutes les images que lui inspirait ce roman, Jan Lauwers sature l’imaginaire du spectateur, lui donne à voir tant et tant qu’il ne lui reste au final plus rien à construire par lui-même. De sorte qu’on ressort avec l’impression d’avoir avalé le roman plutôt qu’avec l’envie de s’y plonger…



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